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François d'Assise et la miséricorde de Dieu - Suzanne
François d'Assise et la miséricorde de Dieu
Saint François d'Assise est probablement le plus humain de tous les saints. C'est justement, à partir de son humanité et de son chemin de sainteté que nous pouvons prendre conscience de l'infinie Miséricorde de Dieu.
François, si proche nous, de nos expériences, de nos limites et de nos difficultés, nous enseigne sur tous les plans, tant humain que spirituel. Son expérience est révélatrice de l'Amour de Dieu et du potentiel divin que Dieu dépose en l'homme.
"La consolation et l'aiguillon de l'amour salvifique de Dieu qui oeuvre mystérieusement en toute personne, au-delà de ses défauts et de ses chutes, doivent rejoindre chacun." (EG 44)
La miséricorde prend tout son sens et toute sa dimension dans la mesure où elle s'accomplit dans la réciprocité, dans le "recevoir" et le "redonner". Mais pouvons-nous parler de réciprocité de miséricorde avec Dieu ? Il serait présomptueux de se mettre au même niveau que notre Créateur. Cependant, Jésus nous dit :
"Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux" (Lc 6,36).
Dieu est miséricordieux avec chacun d'entre nous et sa miséricorde est infinie. Nous avons simplement à apprendre à accueillir la miséricorde de Dieu et nous devons Lui exprimer notre reconnaissance en témoignant des bienfaits de sa miséricorde. Là, nous pouvons partager cette expérience avec nos frères et soeurs, nous pouvons "redonner" en devenant à notre tour miséricordieux, en faisant usage de la miséricorde de Dieu en nous.
"Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez". (Mt 25,45)
Dieu se donne totalement à sa créature et nous, nous avons à nous donner dans notre totalité.
La miséricorde est évangélisatrice
Prenons l'exemple de saint François d'Assise. Sa condition de riche héritier ne lui suffit pas. Il se lance dans une grande aventure, une aventure guerrière au cours de laquelle il espère gagner des titres de noblesse. Mais il oublie, peut-être même il ne réalise pas qu'en faisant ce choix, en poursuivant son ambition, il risque sa vie, pas seulement la mort de son corps mais aussi la mort de son âme. Il risque de se perdre corps et âme et de passer à côté de sa vie et de sa dimension spirituelle. C'est là que Dieu va l'aimer, le protéger et le rattraper. François, de son côté, va pressentir la miséricorde de Dieu, il va accueillir la grâce, entrer dans l'écoute, dans le "recevoir" et l'apprentissage de la miséricorde divine. Cela va l'amener plus tard à "redonner", à faire mémoire du don de Dieu au coeur de sa fragilité humaine et, à son tour, à faire oeuvre de miséricorde.
"... pourtant j'étais bien fragile au début de ma conversion. Toutefois, jusqu'au jour de ma mort, je ne cesserai d'enseigner à mes frères, par mon exemple et par ma vie, comment marcher sur le chemin que le Seigneur m'a montré et que je leur ai montré à mon tour ..." (LP 76)
C'est cette attitude et cette capacité de "recevoir" et de "redonner" qui va sauver François en tant qu'homme et faire de lui un témoin de la grâce, c'est-à-dire, un évangélisateur. Sa vraie vie sauvée, l'homme nouveau pourra émerger. Evangélisé par la miséricorde, il se sait débiteur envers Dieu et envers ses frères, de tout ce qu'il a reçu gratuitement. Au seuil de sa mort, dans son Testament, il nous livre son intimité :
"Le Seigneur me révéla, me conduisit, me montra"
La miséricorde est preuve d'amour
Dieu fait découvrir à François qu'il est aimé d'une façon unique, personnellement. Il comprend alors, sous le regard miséricordieux de Dieu, qu'il peut lui aussi aimer, qu'il peut apprendre à aimer. Se sachant reconnu par Dieu, se sentant exister sous son regard et protégé malgré ses erreurs ou ses péchés et malgré sa faillibilité, François entre peu à peu dans une obéissance aimante qui se traduit en miséricorde. Il peut dès lors porter un autre regard sur ses frères et soeurs en humanité. Il apprend à regarder l'autre au-delà de son humanité et c'est là, dans ce regard qui voit l'autre autrement, dans ce qu'il peut devenir, que l'esprit de miséricorde s'accomplit en François. Il découvre en lui et en l'autre, l'image de Dieu.
C'est ainsi qu'il demande un jour à un frère ministre qui vient se plaindre de ses frères et veut démissionner, d'avoir un coeur débordant de miséricorde même si le même frère "péchait mille fois devant tes yeux". Et le frère doit pouvoir reconnaître et ressentir cette miséricorde à la façon dont le ministre le regarde (LMin v. 10-11)
"Après avoir vu tes yeux, [qu'il] ne s'en aille jamais sans ta miséricorde, s'il demande miséricorde. Et s'il ne demandait pas miséricorde, toi, demande-lui s'il veut la miséricorde. Et si après cela il péchait mille fois devant tes yeux, aime-le plus que moi pour le tirer au Seigneur ; et sois toujours miséricordieux pour de tels frères. Et fais savoir aux gardiens, quand tu le pourras, que, pour toi, tu es décidé à faire ainsi.
Huit cent ans ont passé et je crois que saint François est toujours étonnamment actuel. Il témoigne de la joie de l'homme capable d'aimer, d'aller vers l'autre, de s'abandonner véritablement au point de mourir à lui-même et de devenir plus "pauvre" que le pauvre afin de témoigner librement de la miséricorde et de la paix du Christ en lui.[1]
PACE E BENE
Suzanne Giuseppi-Testut - ofs
source http://fraternite-ofs-sherb.eklablog.com/
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[1] Suzanne Giuseppi-Testut "François d'Assise le prophète de l'extrême" p. 229-230
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Tags : misericorde, dieu, francois, frere, regard
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